À l’approche de l’été, Ecolab a organisé une table ronde à Paris en juin pour marquer le deuxième anniversaire du plan eau et mettre en perspectives les solutions qui s’offrent aux industriels pour mieux gérer l’eau. J’ai eu l’occasion unique, aux côtés d’Esther Crauser-Delbourg, économiste de l’eau, d’Alain Meyssonnier, président de l’Institut méditerranéen de l’eau (IME), et de Nicolas Swetchine, PhD, directeur des partenariats stratégiques chez Michelin, de m'asseoir avec des journalistes, pour partager et débattre de ces enjeux cruciaux, d'autant plus pertinents au vu de la situation émergente actuelle.

De cette discussion avec ces grands experts de l’eau, le point le plus frappant, et une forte conviction que je souhaite partager avec vous, est que durabilité et rentabilité peuvent aller de pair. Et, si le stress hydrique croissant nous enjoint d'agir pour préserver cette ressource vitale pour les populations, la planète et nos économies, cette injonction est loin d’être une contrainte. C’est en effet une très grande opportunité pour notre industrie. À l’heure où le monde académique et politique tire la sonnette d’alarme, nous devons repenser notre façon de penser.

La gestion circulaire de l’eau : réduire son empreinte hydrique, c’est gagner en compétitivité

La gestion intelligente de l’eau permet aux entreprises de produire plus avec moins d’eau. Chez Ecolab, nous avons pu constater comment l’industrie peut en bénéficier : les entreprises qui ont adopté une approche intelligente de l’eau voient leur retour sur investissement, économisant jusqu’à 20 % sur leurs dépenses d’exploitation liées à l’eau. Mais l’avantage ne s’arrête pas là : le retour sur investissement d’une gestion de l’eau circulaire est décuplé par les économies d’énergie associées. En effet, réduire les volumes d’eau entrant dans les différents processus industriels, c’est réduire proportionnellement l’énergie nécessaire pour la transporter, la refroidir, la chauffer et la recycler.

Une consommation d’eau plus raisonnée pousse les entreprises à optimiser leurs processus de production. Cela conduit souvent à une meilleure efficacité globale et à une réduction des pertes tout au long de la chaîne de production. Les technologies existantes peuvent réduire leur consommation d’eau industrielle de 40 %. Nous pourrions économiser 1,000 milliards de litres par an, soit l’équivalent de la consommation de 12 % de la population mondiale. À une échelle locale, pour un client du secteur laitier, notre programme de réutilisation de l'eau issue de la matière laitière concentrée a permis de recycler 195 000 m³ d’eau par an. Cela signifie que nous avons évité de puiser 195 000 m³ d’eau du réseau, en réutilisant l'eau du lait directement dans le processus de nettoyage.

Les efforts d’économie d’eau encouragent l’adoption de technologies modernes et innovantes, l’amélioration des performances techniques et environnementales et le maintien de la compétitivité sur le marché. C'est, d'une part, un gage d'adhésion pour les investisseurs ; d'autre part, une garantie de préférence pour les consommateurs, qui attendent des marques qu'elles soient engagées et accorderont une valeur bien plus élevée aux produits économes en eau. Enfin, c’est un garantie de reconnaissance de la part des collectivités locales, qui se montreront plus clémentes envers avec les entreprises responsables et résilientes sur la question de l’eau.

L'été ne fait que commencer, et le manque d’eau est déjà bien réel dans de nombreuses régions, avec la multiplication les arrêtés de restriction d'usage de l'eau. L’inaction pourrait très vite engendrer un coût colossal, bien supérieur à celui de l’action ! Commencez donc par évaluer le véritable risque lié à l’eau, intégrez-le au plus haut niveau dans votre stratégie de gestion des risques et changez de paradigme : la gestion durable de l’eau doit être vue plus que jamais comme un investissement pour être plus compétitif et pouvoir continuer à produire dans le futur. Investir dans l’eau est sans aucun doute un investissement rentable.